CP PRESENTE LES NOMINES POUR L’EDITION 2024/2025 DU « PENINSULA CLASSICS BEST OF THE BEST AWARD »
- pa3177
- 24 juin
- 14 min de lecture
Traduction du discours de Christian Philippsen présentant les nominés au Peninsula Paris (France), le 3 février 2025
Chers Amis, bonsoir, good evening!
Il y a onze ans, en février 2014, à Paris, au salon Rétromobile, je suis tombé sur Sir Michael Kadoorie, notre ami Michael, et …

… et le déclic s'est produit.
J'avais dirigé le prix Best of the Best pour Louis Vuitton pendant huit ans. Un changement à la tête de l'entreprise avait entraîné la fin de leurs activités liées à l’automobile. J'aimais bien le concept et je cherchais le bon partenaire pour le relancer. Et là, sous mes yeux, j’avais le candidat idéal : Michael et The Peninsula, le meilleur des meilleurs ! Chip Connor et Bruce Meyer nous ont rejoints.
Avance rapide.
Ce soir, nous célébrons le 10e anniversaire du Peninsula Classics Best of the Best Award et, Michael, je tenais à te dire à quel point je te suis reconnaissant d'avoir soutenu l'idée, de l'avoir concrétisée et de l'avoir portée au succès international que nous connaissons. C'est un honneur, une satisfaction et un plaisir.
Merci, Michael !

10 ans.
Permettez-moi de vous donner quelques statistiques.
Au cours de ces 10 années, on a vu
- 76 voitures nominées
- Réparties entre 45 voitures d'Avant-Guerre et 31 voitures d'Après-Guerre
- 34 nominées (près de la moitié) étaient des voitures italiennes, dont 16 Ferrari (près de la moitié encore)
- 17 nominées étaient françaises
- Les carrossiers suivent la même tendance avec l'Italie et Pininfarina primus inter pares.
Quant aux propriétaires:
- 49 étaient originaires des Etats-Unis, les autres se répartissant entre divers continents et pays.

Dans le cercle des vainqueurs du Best of the Best :
- Les Ferrari ont remporté 3 BoB jusqu'à présent - ce nombre peut passer à 4 ce soir ou rester à 3, nous le saurons bientôt !
Quoi qu'il en soit, elles sont clairement en tête.
Alfa Romeo, Bugatti, Delage, Duesenberg, Maserati, Talbot Lago ont gagné une fois chacune.
- 6 gagnantes proviennent de collections américaines
o The Mullin Collection et Rob Walton
o David and Ginny Sydorick
o Tom et Jill Peck
o Brian et Kim Ross
o The William Lyon Family Collection
- et une de
o Autriche, la collection Mohringer
o Monaco, la collection Destriero
o Suisse, la Pearl Collection de Fritz Burkard.
Juste derrière les gagnants, on trouve les collections Keller et Robert Lee, toutes deux nominées plusieurs fois mais qui n'ont pas encore reçu le BoB. Deborah et Anne, je suis sûr que votre tour viendra !
Pour rappel, le Best of the Best Award est décerné à une voiture qui a remporté le Best of Show dans l'un des plus grands concours au monde. Les candidats de ce soir sont des voitures ayant participé à des concours qui se sont déroulés en 2024.
2024, un millésime charnière !

Les concours ont vu le jour au début des années 1900. Je ne pourrais pas dire exactement quand et où, mais ce devait être en France, car le mot ‘Concours d'élégance’ est français et est devenu universel. De toute façon, les Français ont tout inventé ! Pendant de nombreuses années, ces concours étaient des défilés de voitures neuves escortées par des femmes, parfois accompagnées de chiens, habillées par des couturiers.
Au milieu des années cinquante, Pebble Beach, sous la direction éclairée de Jules Heumann et de Lorin Tryon, a lancé la formule qui a depuis inspiré des centaines d'événements dans le monde entier : inviter et juger des voitures classiques. Cette formule s'est rapidement transformée en une course à l'armement. Les participants avaient l'impression que, pour gagner, leurs voitures devaient briller, être plus parfaites que lorsqu’elles étaient neuves. La restauration à outrance était la règle.
Cela a radicalement changé ! La préservation - qui n'est pas de la négligence, non, la préservation demande beaucoup d’attention ! -, la préservation est devenue clé. Sur les 9 nominées de ce soir, 1/3 sont des automobiles non restaurées et préservées. C'est une sacrée augmentation par rapport à zéro dans le passé !
Et le premier événement à en couronner une fut le Concorso d'Eleganza Villa d'Este
Avec cette

Alfa Romeo 8C 2300 Spider 1932
Carrosserie Figoni
Propriété de la famille De Meester de Belgique
La 8C, un capolavoro, un chef-d'œuvre de l'ingénieur Vittorio Jano.
Après quelques années où elle a couru en France, la voiture fut offerte en 1937 à Henri d'Autichamp, à la fois pour son 21e anniversaire et pour son diplôme de fin d'études.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la voiture fut soigneusement cachée dans une grange par la famille pour éviter qu'elle ne soit réquisitionnée par les officiers allemands.

Elle a ensuite été utilisée avec parcimonie jusque dans les années 1970, avant d’être rangée. Au fil du temps, les experts ont cru que la voiture n'existait plus.
En août 2010, des rumeurs ont commencé à circuler à propos d'une 8C bleue quelque part en France. Simon Moore, auteur de l’ouvrage de référence 'The Legendary Alfa Romeo 8C', observa que la famille d'Autichamp avait commandé un exemplaire de son livre à l'adresse à laquelle la voiture était immatriculée dans les années 30 ! La voiture leur appartenait toujours.
Le reste, comme on dit, appartient à l'histoire.
Mais c'était une mauvaise nouvelle pour un escroc italien qui, entre-temps, avait prétendu avoir trouvé la voiture dans un pays de l'Est et avait fait construire une réplique à laquelle il avait attribué la même identité.

La vraie voiture a finalement été acquise par la famille De Meester en janvier 2024. L'homme à l'origine de l'achat, avec l'approbation bienveillante de la famille, est le jeune Thibaut De Meester, âgé de 25 ans.
Il s'en occupe également, ainsi que d'autres voitures non restaurées d'une collection grandissante, n’hésitant pas à mettre la main à la pâte.
Puisse-t-il être une source d'inspiration pour les jeunes !
Pebble Beach fut le deuxième événement à décerner sa plus haute distinction à une voiture non restaurée. Et cette voiture est

Bugatti Type 59 Sport 1934
Carrosserie Usine
Propriété de Fritz Burkard de Suisse
Peu après Pebble Beach, le troisième concours à distinguer une voiture préservée fut Chantilly Arts et Elégance

Bugatti Type 35 C Grand Prix 1928
Carrosserie Usine
Propriété de Vincent Kolb d'Allemagne
Le Type 35 précède le Type 59 et lance la lignée.
Présenté en 1924 au Grand Prix de Lyon, le Type 35 a dominé les Grands Prix pendant de nombreuses années.
Mécaniquement magnifique, dans ses versions 2 litres et 2,3 litres, suralimentée ou non, avec de superbes jantes en alliage alors que certaines voitures roulaient encore sur des jantes en bois, le Type 35 est l'une des voitures de course les plus titrées de tous les temps, avec plus de 2 000 victoires !

Celle-ci commença sa carrière sportive en 1928 en tant que voiture Usine. Après la Targa Florio, où elle termina 4ème au classement général conduite par Louis Chiron, le champion monégasque, la voiture fut vendue à Janine Jennky, une femme pilote de la première heure, qui la pilota de manière intensive et avec succès pendant 4 ans.

En 1932, Ricardo Bernasconi, un Italien vivant en France, changea la couleur de la voiture, qui passa du bleu pour la France au rouge pour l'Italie. La Bugatti fut alors immatriculée sous le numéro qu'elle porte encore aujourd'hui.
Les propriétaires suivants ont toujours respecté son état d'origine, authentique et patiné.

Le Type 59 est l'ultime évolution du Type 35. Développée sous l'influence du fils d'Ettore Bugatti, le très talentueux Jean, elle fut présentée en septembre 1933 et est immédiatement identifiable par ses lignes basses et élancées, et par ses roues aux rayons en cordes de piano.
Bugatti engagea la 59 dans plusieurs courses européennes, René Dreyfus remportant même le Grand Prix de Belgique 1934 à Spa-Francorchamps. Mais il devenait de plus en plus difficile pour Bugatti de rivaliser avec les équipes allemandes car Hitler accordait des millions de Deutsche Mark à Mercedes-Benz et à Auto Union pour construire des voitures dont la seule vocation était de courir, alors que les Bugatti étaient pour la plupart dérivées de modèles de production. Ettore Bugatti, habitué aux victoires, se résigna, se retira des Grand Prix et transforma cet exemplaire en voiture de sport.

Le moteur fut dégonflé, et la carrosserie transformée de monoplace en biplace avec des garde-boues de moto, de petits parebrises, des phares placés très bas et des portières latérales.
Le roi Léopold III de Belgique en fit l’acquisition en 1937. Il la fit repeindre du bleu français au noir avec des bandes jaunes belges. Elle resta intacte dans sa collection privée et les quatre propriétaires suivants l'ont conservée telle quelle, évitant toute restauration ou modification.
Le Best of Show à Pebble Beach en surprit plus d'un, notamment Fritz qui embrassa la Bugatti sur le podium ! C'était également la première fois qu'un concurrent européen gagnait à Pebble Beach.
Avant cela, en 1993, alors qu'elle appartenait à Bob Rubin, mon regretté ami Antoine Prunet et moi-même lui avions décerné le Prix spécial du Jury lors de notre concours de Bagatelle à Paris, une première distinction qui récompensait déjà à l'époque sa remarquable conservation.
Je suis convaincu que d'autres voitures préservées seront récompensées à l'avenir. Mais leur nombre est limité et de nombreuses voitures ne survivraient pas sans restauration. La qualité des restaurations a également progressé. Plus que jamais, on s'attache à respecter les spécifications et les finitions d'origine. L'époque des restaurations brillantes à outrance a perdu de son éclat !
En voici un bon exemple

Bugatti Type 57 S Roadster 1937
Carrosserie Corsica
Propriété de Lord Bamford d'Angleterre
Best of Show à Goodwood, Cartier Style et Luxe
Ce candidat en est à sa deuxième tentative et a déjà concouru l'année dernière - tant qu'une voiture n'a pas gagné le BoB, et qu'elle gagne un nouveau Best of Show dans l'un des concours qualifiés, elle peut se représenter.

Hormis la carrosserie, il y a en fait très peu de différences entre cette 57 et la 59 ex-roi Leopold : en gros, même châssis et même moteur, tous deux conçus par Jean Bugatti.

Ce roadster sur mesure de Corsica avait été commandé par Sir Robert Ropner, un magnat de la navigation et un habitué de Brooklands. Il affiche des proportions remarquables – un capot bas encadré de grandes roues est toujours agréable à regarder.
Et vous vous souviendrez que, lors de sa restauration, il avait été découvert que le châssis pourrait être un châssis de course manquant de l'équipe de Grand Prix 1936, peut-être « recyclé » et recarrossé après la saison sportive, tout comme l'a été la voiture du Roi Léopold. Cette partie de son histoire est toujours en cours d'investigation.
L'histoire de notre candidat suivant est, elle, parfaitement connue et extraordinaire.

La Delahaye 145 1937/1946 (j'expliquerai pourquoi la double date)
Carrosserie Franay
Propriété de Sam et Emily Mann du New Jersey aux Etats-Unis
Best of Show à The Quail, a Motorsports Gathering
Nous avons ici une Delahaye française qui a battu les Allemands alors qu’ils dominaient puissamment la scène européenne de la course automobile.
En 1937 - première date -, le gouvernement français, en collaboration avec l'Automobile Club de France, lance le Prix du Million, doté d'un million de francs, destiné au constructeur et au pilote français qui battraient le record de vitesse établi par Mercedes-Benz sur le circuit de Montlhéry, au sud de Paris. Ce record était de 146 km/h de moyenne sur une distance de 200 km.
Delahaye releva le défi avec le Type 145 à 12 cylindres qu'elle avait développé pour participer à la nouvelle série de Grand Prix disputée sous la formule 4 ½ litres. Malgré un moteur complexe dont la fiabilité n'était pas le point fort, avec René Dreyfus au volant, ils réussirent - de justesse, mais ils y parvinrent et remportèrent le prix.
Parée de la livrée du Prix du Million, la Delahaye remporta d'autres succès sur la piste. La saison terminée et le nazisme prenant de l'ampleur, la voiture fut ensuite cachée pour la durée de la guerre.
Fin 1945, Delahaye fut contacté par un client français qui lui demanda de lui fournir un cabriolet sportif performant.

Le châssis du Prix du Million fut proposé et envoyé au carrossier Marius Franay. Peu avant l'achèvement de la voiture, le client fut arrêté et emprisonné, accusé d’être un collaborateur nazi. La voiture fut alors saisie, exposée au Salon de l'Auto 1946 à Paris - ce qui explique la deuxième date - et vendue aux enchères par le gouvernement français.
En 1972, elle entra dans la collection de Philippe Charbonneaux

Charbonneaux, un designer automobile, choisit étonnamment de retirer la carrosserie du cabriolet Franay et de la remplacer par une reproduction de la carrosserie de Grand Prix, redonnant ainsi à la voiture son apparence et ses performances d'origine.
En 1997, les Mann achetèrent le cabriolet et, l'année suivante, la voiture de course recarrossée que Sam a d'abord pris plaisir à piloter sur les circuits. Mais après quelques années, ils décidèrent d'inverser ce que Charbonneaux avait fait, la voiture retrouvant alors sa configuration du Salon de Paris 1946.

En guise de reconnaissance bien méritée, la voiture fut choisie par les éditeurs du 'Concours Yearbook' pour orner la couverture de leur édition 2024.
Notre candidat suivant est une autre Delahaye

La 135 MS “Narval” 1947
Carrosserie Figoni & Falaschi
Propriété de la famille Mecum du Wisconsin aux Etats-Unis
Best of Show à The Amelia
Celle-ci ne pourrait être plus différente de la précédente.
Le dessin spectaculaire de sa carrosserie fut baptisé « Narval » du nom d'une baleine mâle dont la longue défense saillante a certainement inspiré la forme du nez de la voiture. Et son moteur, plutôt que le 12 cylindres, était le fiable 6 cylindres qui avait prouvé son endurance en remportant les 24 Heures du Mans en 1938.

Le cabriolet fut exposé sur le stand de Figoni & Falaschi au Salon de l'Auto 1947 à Paris. Il avait été commandé par le célèbre chanteur et compositeur français Charles Trenet qui venait de sortir « La Mer », son plus grand succès.
(Extrait de 20" de La Mer) - https://www.youtube.com/watch?v=PXQh9jTwwoA
Pour ceux plus familiers des Rolling Stones ou de Taylor Swift, il s'agit d'un extrait de La Mer.
À l'origine, Trenet avait commandé la voiture dans un Orange Brulé flamboyant.
Il changea ensuite d'avis. Après le Salon de Paris, il demanda à ce que le Narval soit repeint dans une nuance sobre de bleu français. Il emporta ensuite la Delahaye aux Etats-Unis pour l’accompagner dans sa tournée américaine de 1948.

La voiture y resta et fut finalement achetée par Dana et Patti Mecum. Une restauration complète lui rendit sa couleur Orange Brulé d'origine. Seuls cinq cabriolets Delahaye Narval de Figoni & Falaschi sont documentés comme étant encore en vie aujourd'hui, y compris celui-ci, qui n'a appartenu qu'à quatre propriétaires en tout.
Une star maintenant
Ferrari 335 S 1957
Carrosserie Scaglietti
Propriété de Brian et Kim Ross de l'Ohio aux Etats-Unis
Best of Show au Salon Privé

J'utilise le mot « star » à dessein, non seulement parce que, comme toutes nos nominées, il s'agit d'une voiture fabuleuse, mais aussi parce qu'elle a joué dans le récent film de Michael Mann 'Ferrari'. La voiture est là, sur l'affiche.
Plus exactement, l'équipe de production a construit des répliques pour le film, d'excellentes répliques d'ailleurs, basées sur la numérisation de notre nominée.
Si vous n'avez pas vu le film et que vous en avez l'occasion, allez-y : j'ai trouvé qu'il donnait une idée assez précise de ce qu'était Ferrari à l'époque : l'équipe, l'homme et sa vie privée, et les épreuves sur route ouverte.

1957 était une année décisive pour Ferrari. C'est l'histoire racontée par le film, avec un accent particulier sur les Mille Miglia. La course fut à la fois un succès et une tragédie. Ferrari gagna avec Taruffi. Mais, tragiquement, Alfonso de Portago fut tué dans une voiture similaire à cause de l'éclatement d'un pneu. Son copilote Nelson et 9 spectateurs perdirent également la vie dans ce qui aura été la dernière « vraie » Mille Miglia.
Notre nominée, numéro 532, termina deuxième de la course avec von Trips.

La voiture connut une riche carrière en compétition, pilotée par des champions tels que Fangio, Phil Hill, von Trips, Collins, Trintignant, Hawthorn, Musso, et aussi Moss à Cuba en 1958 où il remplaça au pied levé Fangio qui avait été kidnappé par des révolutionnaires proches de Fidel Castro et ne fut libéré qu'après le week-end !
A partir de 1971 et pendant plus de 45 ans, la voiture resta la préférée du célèbre collectionneur français de Ferrari, Pierre Bardinon. Il la conduisait régulièrement sur la piste privée qu'il avait construite sur le terrain de sa propriété, le Mas du Clos, près d'Aubusson.
Brian Ross acquit la voiture en 2016.
La 335 S est reconnue par beaucoup comme l'une des plus grandes Ferrari de tous les temps.

Son moteur V12 avait bénéficié de la contribution de Vittorio Jano, le même Jano responsable des moteurs Alfa Romeo d'Avant-Guerre. En revanche, Ferrari continuait d’utiliser des freins à tambour, au lieu d’adopter les disques. Comme on le sait, ce qui comptait vraiment pour Ferrari, c'était le moteur.
Une deuxième Ferrari concourt pour le Best of the Best ce soir

250 LM 1964
Carrosserie par Scaglietti, sur un dessin de Pininfarina
Propriété de Chris et Ann Cox de Caroline du Nord aux États-Unis
Best of Show à Cavallino Classic
Présentée à Paris en novembre 1963, la Ferrari 250 LM avait été conçue comme une version Grand Tourisme des prototypes Ferrari à moteur central.
Selon la nomenclature Ferrari, le chiffre 250 aurait dû signifier que la voiture était équipée d'un moteur de 3 litres. Avec son plus gros moteur de 3,3 litres, elle aurait dû s'appeler 275 LM. Mais cela faisait partie de la tactique utilisée par Ferrari pour convaincre la Commission Sportive Internationale que la LM à moteur central était une simple évolution de la 250 GTO à moteur avant qu'elle était destinée à remplacer.
Le jeu n'a pas changé : il s'agit toujours de tester les limites des règlements. Homologuer la GTO avait déjà été un défi. La LM allait plus loin. La Commission fut cette fois imperturbable et Ferrari échoua. Cependant, l’appellation 250 est restée.

Condamnée à se battre avec des prototypes plus performants, elle remporta néanmoins les 24 Heures du Mans 1965. Les autorités sportives avaient raison : la LM était une voiture de course, pas une GT ! Mais une voiture de course aux lignes exceptionnellement pures et séduisantes.
Notre LM a eu une histoire de course bien remplie, avec des exploits notables, principalement en Angleterre.
Après être passée par un who’s who de propriétaires, dont Paul Vestey, Colin Crabbe, Richard Merritt, Harley Cluxton, la Mitsubishi Corporation au Japon, et plus tard Shiro Kosaka, elle fut achetée en 2018 par Chris Cox et confiée à Ferrari Classiche pour sa restauration et sa certification.

Les LM me rappellent de grands souvenirs car à l'époque où elles couraient, je faisais partie de l'équipe Ferrari belge de l'Ecurie Francorchamps. Lorsque nos LM n'ont plus été compétitives, j'ai été chargé de les vendre. Nous en avions trois ! Le prix demandé était de 6 000 dollars l'unité, et j‘ai eu beaucoup de mal à trouver des acheteurs. C'était en 1966. Dans quelques jours, la LM victorieuse au Mans sera mise en vente aux enchères ici à Paris. L'estimation est « supérieure » à … 25 millions !
Vous aurez remarqué que tous les nominés jusqu'à présent sont soit de pures voitures de course, soit des voitures de route avec un héritage de course.
Notre 9ème et dernière candidate est différente.
Voici la

Rolls-Royce Phantom III 1937
Carrosserie Inskip
Propriété de Steve et Kimmy Brauer du Missouri aux Etats-Unis
Best of Show au Concours d'Elégance de Hampton Court Palace
La Phantom III partage cependant une caractéristique avec Ferrari : un moteur 12 cylindres. Alors que Ferrari se vantait de sa puissance, ajoutant souvent quelques chevaux à la réalité, Rolls-Royce, lorsqu'on lui posait la question, répondait simplement « assez ». Dans un monde à eux, ils ignoraient superbement la course. Ils misaient plutôt sur le silence, car, comme ils en feraient la publicité plus tard, le seul bruit que l'on devait entendre au volant d'une Rolls était le tic-tac de la montre.

Les Phantom III ont été construites entre 1936 et 1939, et seules quelques-unes d'entre elles prirent le chemin des États-Unis pour y être carrossées. Le carrossier de choix était Brewster, une filiale de Rolls-Royce of America. Ils étaient très appréciés. Rappelez-vous les paroles d’une chanson de Cole Porter dans laquelle il adresse des compliments à une femme et déclare
You're the top (tu es le top)
You're a body by Brewster (tu es une carrosserie de Brewster)
You're the top! (tu es le top!)
Kimmy, il me semble que ces paroles ont été écrites pour toi !
Mais suite à la disparition de Rolls-Royce of America, Brewster ferma ses portes en 1937. Un groupe d'artisans de Brewster fut embauché par Inskip, et ils réalisèrent quelques carrosseries personnalisées de différents styles sur le châssis de la Phantom III, dont celle-ci, probablement l'une des deux seules décapotables deux places.

Elle fut livrée en juin 1937 au colonel Joseph Samuels de Providence, Rhode Island, un riche philanthrope ayant des intérêts dans le commerce de détail et la radiodiffusion.
Aux mains d’un nouveau propriétaire, elle fut exposée lors d'une réunion de l'Antique Automobile Club of America en 1953, toujours dans sa livrée noire d'origine et avec seulement 3 000 miles (4 800 km) au compteur. Elle fut récompensée par - vous l'aurez deviné - le trophée “Smoothness and Silence” !
En 2006, elle rejoignit la collection Brauer et fit l'objet d'une restauration complète.
Aujourd'hui, après 87 ans, l’odomètre n’affiche toujours que 36 380 miles (58 535 km), soit une moyenne de 418 miles (672 km) par an. Tranquillement...
Voilà !

Vous découvrirez bientôt notre gagnant - et je mettrai à jour mes statistiques en conséquence. S'agira-t-il d'un exemplaire préservé, d'une Ferrari ? Préparez-vous à une surprise.
Nous vous sommes reconnaissants et vous remercions tous, propriétaires, curateurs, restaurateurs, de conserver, sortir et partager ces magnifiques machines.
Et, comme toujours, selon la devise de notre ami et collègue membre fondateur Bruce Meyer - à propos, Bruce a reçu l'International Historic Motoring Award 2024 for Personal Achievement - selon donc la devise de Bruce :
“Never lift ! ” – Ne levez jamais le pied !
Merci !
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