CP PRESENTE LES NOMINES POUR L’EDITION 2023/2024 DU « PENINSULA CLASSICS BEST OF THE BEST AWARD »
- pa3177
- 17 juin
- 12 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 juin

Chers amis, bonsoir,
Il y a peu, j'ai vu un autocollant sur une voiture qui disait :
« Certains collectionnent l'art, nous le conduisons »,
ce qui a immédiatement suscité une question, certainement pertinente si vous regardez nos nominés pour le prix de ce soir :
- Les voitures sont-elles de l'art ?
Sans doute à la surprise de certains d'entre vous, je ne partage pas vraiment cette idée. Pour moi, l'art, c'est la créativité sans contrainte. Je ne saurais mieux dire que Giorgio de Chirico :
« Pour être vraiment immortelle, une œuvre d'art doit exploser les limites de l'humain : elle ne doit avoir ni raison ni logique. »
Une voiture a une raison d'être, qu'il s'agisse de transporter des personnes d'un point A à un point B ou de gagner des courses, par exemple. Pour remplir sa fonction, une voiture doit offrir de l'espace, ou de la vitesse, et elle doit respecter les lois de la physique et de la chimie, sans parler de LA loi.
Les voitures que nous aimons sont certes l'expression de talents exceptionnels : ingénieurs, designers, artisans, mais elles ne sont pas de l'art.
Cependant, certaines voitures tout simplement abandonnées, devenues victimes des éléments, n’ont plus d’utilité.

Un exemple extrême est celui de la Bugatti Brescia qui a passé près de 70 ans sous l'eau dans les profondeurs du lac Majeur. Elle a finalement été recueillie et a trouvé le chemin du Mullin Automotive Museum, où elle a été exposée telle quelle. Ainsi, après avoir perdu sa fonction automobile, elle est devenue de facto une œuvre d'art.
C'est le moment de souligner à quel point Peter nous manque...
Mais il nous reste Merle, « Merle on the Move » ! Tout comme Arturo Keller nous manque, mais Deborah est toujours parmi nous, et Anne Lee aussi. N'est-ce pas merveilleux d'avoir cette continuité et que des femmes aient pris la relève, s’impliquant activement dans des rallyes et des concours ? Peter, Arturo et Bob, qui vous regardent d'en haut, doivent être fiers de vous. Nous sommes heureux de votre présence, nous vous aimons !
Peter et Merle ont remporté deux fois le Peninsula Classics Best of the Best et ce soir, le premier candidat que je présenterai dans un instant est une voiture de la Mullin Collection en Californie, la sixième fois en huit ans qu'une voiture de la Collection concourt pour le prix. Un record !
Petit rappel : le Peninsula Classics BoB est décerné à une voiture qui a remporté le Best of Show dans l'un des plus grands concours au monde. Les candidats au prix de ce soir sont des gagnants d'événements sélectionnés qui ont eu lieu en 2023 et nous en avons huit qui viennent d'être présentés par Gordon.
Trois candidats sont italiens, deux français, un américain, un britannique et un allemand - un mélange plutôt cosmopolite !
Notre candidat numéro un provient donc de la collection Mullin.
Il s'agit évidemment d'une voiture française, et avant de révéler son identité, voici un teaser : la mascotte de son radiateur qui, elle, peut être considérée comme une œuvre d'art car elle n'a d'autre raison d'être que d’orner l'avant de la voiture.

Vous aurez reconnu la Cocotte, la mascotte de Voisin. Gabriel Voisin, le fondateur de la marque, en avait assez des sculptures kitsch du marché de l'après-vente et a créé la sienne : une Cocotte ailée. En français, une cocotte est une dame aux mœurs, disons, légères, et il est facile d'y voir une autre provocation, comme Voisin en raffolait.
Si vous regardez l'insigne sous la Cocotte, vous verrez écrit Avions Voisin, et pas Voisin tout court. Cela s'explique par le fait que Gabriel Voisin avait commencé par construire des avions, avions qui ont largement contribué à la victoire des Forces Alliées lors de la première Guerre Mondiale. C’est après la guerre qu’il s'est reconverti dans l'industrie automobile.

La C25 Aerodyne de 1935,
Best of Show à The Amelia,
était sa vision de la voiture du futur, une automobile qui cherchait à tirer parti de la fascination croissante du public pour les lignes fluides et l'aérodynamisme. Le nom lui-même, Aérodyne, signifiant "plus lourd que l'air", fait allusion à l'activité passée de Voisin.

L'Aérodyne, exclusive, accessible uniquement aux automobilistes les plus fortunés, était un chef-d'œuvre Art déco d'une période que Merle et Peter ont toujours considérée comme l'apogée du design industriel et des beaux-arts.
Avant de remporter The Amelia, cette même voiture avait été récompensée par le Best of Show à Pebble Beach en 2011 et, en … 1935, par le Grand Prix du Concours d'Elégance de la Place Bellecour à Lyon.
Après la Cocotte de Voisin, d'autres teasers ! Voici le deuxième :
Quelle voiture américaine a ces petits feux rouges et bleus sur les ailes avant ?

Voici la
Duesenberg Model SJ Speedster 1935, carrosserie Gurney Nutting
Propriété de la famille Lyon, également californienne
Best of show au Concorso d'Eleganza Villa d'Este
Le général William Lyon a commencé sa collection à la fin des années soixante. Son fils Bill est aujourd'hui en charge de ses quelque 90 voitures, principalement des cabriolets d'Avant-Guerre, dont cette exceptionnelle Duesenberg.
Les frères Frederick et August Duesenberg ont fondé leur entreprise en 1913, dans le but de construire des voitures de course. Et ils ont été bons ! Ils ont remporté les 500 miles d'Indianapolis à quatre reprises. Ils ont également remporté le Grand Prix de France en 1921 - la première voiture américaine à gagner un Grand Prix européen. Après avoir connu des difficultés financières, la société fut rachetée en 1926 par Errett Lobban Cord qui en fit la marque de prestige de son groupe automobile.

Sous son impulsion, Duesenberg créa son chef-d'œuvre, le Model J, présenté au salon de New York en 1929 et rapidement choisi par des stars hollywoodiennes telles que Clark Gable et Gary Cooper.
Cette SJ suralimentée est la seule à avoir été livrée en Angleterre pour être carrossée par Gurney Nutting. Une voiture rare ! Dotée d'un moteur de 320 chevaux, soit près de trois fois la puissance de la Voisin, cette SJ unique en son genre avait été commandée par le Maharajah Holkar d'Indore, qui n'avait que 28 ans à l'époque.

Une vue du dessus montre une couleur safran dominante. Selon la mythologie hindoue, c'est la couleur portée par les saints en signe de dévotion à la religion.
Quant aux feux rouges et bleus sur les ailes avant, ils indiquaient si c'était le Maharajah ou la Maharanee qui était au volant de la voiture.

Passons à d'autres feux : ces gros phares appartiennent à notre prochain candidat. Ils équipaient principalement les voitures britanniques et étaient fabriqués par Lucas, surnommé le Prince des Ténèbres...
Ici, ils illuminent l'avant de la
Bentley 4 1/4-Litre 1937 “Rothschild” Sedanca Coupé,
carrosserie de Gurney Nutting,
le même qui a carrossé la Duesenberg que vous venez de voir
Propriété de Simon Taylor d'Angleterre
Best of Show au concours Cartier Style & Luxe tenu à Goodwood pendant le Festival of Speed

Dans les années 1930, Bentley avait été racheté par Rolls-Royce. Ces dernières étaient plus formelles, souvent conduites par un chauffeur, tandis que les Bentley étaient plus sportives - mais l'époque des courses et des victoires au Mans était révolue !
Cette 4 ¼ fut commandée par La Comtesse Yvonne Lydia Cahen d'Anvers, Lady de Rothschild, pour ses séjours à Londres. Le nouveau styliste de Gurney Nutting, John Blatchley, âgé de 23 ans, fut chargé d'interpréter la commande et soumit à la comtesse ses dessins d'un sedanca. Un sedanca est une voiture dont le compartiment avant est à l’air et le compartiment arrière fermé. La comtesse, ravie, donna son accord. Mais avec une carrosserie en aluminium sur un châssis en frêne et un toit rétractable, la voiture s'éloignait radicalement des modèles existants de Gurney Nutting. La construction de la voiture prit près d'un an et la comtesse, lassée de l'attendre, acheta un autre véhicule.

À la fin des années 1990, la voiture fut achetée par Simon Taylor, journaliste, commentateur, éditeur et historien plongé dans le sport automobile depuis près de 50 ans. Il a parcouru près de 60 000 km avec la voiture. Cette Bentley roule !
Quiz numéro 4, facile : Quelle marque française avait un radiateur en forme de fer à cheval ?

Bugatti, bien sûr ! Ici, un roadster
Type 57 S de 1937, carrosserie Corsica
Propriété de Lord Bamford d'Angleterre
Best of Show à Salon Privé
Ettore Bugatti a fondé Bugatti en 1909. Très tôt, il s'était passionné pour les voitures et pratiquait également l'équitation, d'où la forme du radiateur. L'ours en argent monté sur le bouchon du radiateur n'est pas d’origine et représente probablement le genre d'ornement du marché d’après-vente que Voisin n'aurait pas approuvé. Il avait été offert par l'épouse du premier propriétaire, Sir Robert Ropner, magnat du transport maritime et pilote de course.

Le fils d'Ettore, le très talentueux Roland, avait été intégré très tôt dans l'entreprise. Fidèle à la devise de son père
« Ce qui a déjà été inventé appartient au passé, seules les innovations sont dignes d'intérêt »,
il joua un rôle déterminant dans l'introduction d'une modernité bien nécessaire. Sa création, le Type 57 S, comme celle-ci, en est le parfait exemple : je ne citerai que le moteur à double arbre à cames en tête et, comme l'indique le S, le châssis surbaissé.
Cet exemplaire est équipé d'une carrosserie sur mesure réalisée par Corsica, un petit atelier très réputé établi dans Corsica Street à Londres, ce qui explique son nom.

Les proportions sont remarquables - un capot bas, niché entre les roues, fait toujours bonne figure !
Au cours de sa restauration, on a découvert que le châssis pourrait être le châssis de course manquant de l'équipe de Grand Prix de 1936, peut-être « recyclé » et recarrossé après avoir terminé ses exploits sportifs.
Nous n'avons pas encore la réponse, mais nous l'aurons peut-être l'année prochaine. En effet, ce roadster a remporté un autre Best of Show il y a quelques semaines au concours Cartier Style & Luxe, ce qui signifie qu'il est déjà qualifié pour le Best of the Best de l'année prochaine - à moins qu'il ne remporte le prix ce soir, auquel cas il ne pourra pas concourir à nouveau.
Pour compléter son palmarès, ce roadster a reçu le prix de la « Voiture de sport d'Avant-Guerre la plus élégante » au concours d'élégance de Pebble Beach, celui de la « Meilleure restauration » aux RAC Historic Awards, et celui de la « Voiture de l'année » attribué par Classic and Sportscar, le tout en 2023 !
Lorsque vous vous installez derrière le volant de notre cinquième - et dernière - voiture d'Avant-Guerre, vous êtes guidé par son étoile brillante.

Vous avez tous reconnu l'emblème de Mercedes-Benz, créé au début des années 1900. Les trois pointes de l'étoile représentent la volonté de l'entreprise de parvenir à une motorisation universelle : terre, mer et air, qu’elle pensait dominer grâce à ses moteurs.

Cette
Mercedes-Benz 540 K Spezial Roadster 1937
avec carrosserie de Sindelfingen, l'établissement de l'usine,
a remporté le Best of Show au Pebble Beach Concours d'Elégance.
Propriété de Jim Patterson de Floride,
elle incarne le leadership de la marque à la fin de l'Avant-Guerre, où elle régnait également en maître dans le domaine de la course automobile. Dans leurs articles sur la 540 K, les journalistes parlaient de « l'insolence pure de sa grande puissance », qui restait cependant légèrement inférieure à celle de la Duesenberg.
Le modèle était disponible dans une variété d'exécutions allant des berlines aux coupés et cabriolets, mais le Spezial Roadster était l'expression ultime des talents de Sindelfingen.

Selon une copie du document original de la Kommission, cette voiture avait été commandée pour le roi d'Afghanistan et lui fut livrée à Kaboul en septembre 1937.
Depuis qu'elle a rejoint la collection d'une trentaine de voitures de Jim Patterson qui abrite principalement des exemplaires français et allemands, ce Spezial Roadster a échappé aux ateliers de restauration. Il a à peine parcouru 20 000 km ! Il est resté intact, n'a pas été modifié et est même encore chaussé de pneus Dunlop d'époque !
Passons maintenant aux voitures d'Après-Guerre et à notre sixième candidat.
L'emblème du trident appartient à Maserati. Il a été dessiné par l'un des frères Maserati, Mario, dont les passions penchaient davantage vers les arts que vers les moteurs. Il s'inspire de la fontaine de Neptune de Bologne, datant de la fin de la Renaissance, et représente la force et la vigueur.
Voici la

Maserati A6GCS/53 1955,
carrosserie Frua
Best of Show au concours d'élégance de Hampton Court
Propriété de Jonathan & Wendy Segal de Californie

A6GCS/53 : que trouve-t-on dans un nom ?
- A comme Alfieri (Maserati), fondateur de la société
- 6 pour six cylindres
- G pour « Ghisa », fonte en italien, le matériau du bloc moteur
- CS pour « Corsa Sport », pour voiture de sport et de course
- 53 pour l'année de lancement du modèle.
Les années 1950 se sont révélées être une décennie fructueuse pour Maserati qui appartenait à l’époque à la famille Orsi.
Alors que plusieurs ingénieurs, dont Colombo, et pilotes de course, dont Fangio, sont passés de Ferrari à Maserati, et de Maserati à Ferrari, concurrents et voisins à Modène, Pietro Frua, designer indépendant pendant la majeure partie de sa vie, a signé une multitude de Maserati mais n'a jamais travaillé pour Ferrari. Son spyder A6GCS/53, dont il a construit 3 exemplaires, est un petit bijou.
Propulsé par un moteur de course, le ramage est à la hauteur du plumage. Dans sa présentation actuelle, la voiture est le positif du négatif original : aujourd'hui noire avec une bande ivoire, elle est née ivoire avec une bande noire.

Avant de remporter le Best of Show au concours d'élégance de Hampton Court, la voiture avait reçu le prix de la meilleure voiture d'Après-Guerre au Louis Vuitton Classic de New York en 1997 et la Coppa D'Oro, décernée par le public à la Villa d'Este, en 2022. Elle vient de recevoir un autre prix au concours de Pebble Beach en 2024, où elle avait déjà été exposée en 1964. Une vie couronnée !

Notre septième candidat est encore une Italienne et porte un numéro qui, évidemment, est un numéro de course. Mais ce numéro est plus qu'un simple numéro, il a une signification. Tous les participants à la Mille Miglia, l’épreuve allant de Brescia à Rome et retour, portaient des numéros qui indiquaient leur heure de départ.
Ainsi, cette
Ferrari 250 MM Berlinetta 1953,
Carrossée par Pinin Farina
Best of Show à Cavallino Classic
Propriété de Brian et Kim Ross de l'Ohio
a pris le départ des Mille Miglia 1953 à 6h27. Elle était conduite par le Comte Bruno Sterzi. Les numéros permettaient aux spectateurs le long de la route de 1000 milles (1600 km) d'avoir une idée du classement. Ainsi, s'ils voyaient la 627 avant la 626 partie une minute plus tôt, cela signifiait que la 626 avait été dépassée. Astucieux, n'est-ce pas ?

La 250 MM Berlinetta est l'un des premiers exemples de la coopération entre Ferrari et la Carrozzeria Pinin Farina qui a duré jusqu'à ce que Ferrari inaugure son propre studio de design en 2010. Elle est également la pierre fondatrice de la série des berlinettes 250 qui ont établi la légende Ferrari avec leur célèbre moteur V12 Colombo de 3 litres, culminant avec la GTO.

La voiture, remise dans sa configuration exacte des Mille Miglia et primée dans sa classe à Pebble Beach en 2018, fait partie d'une petite collection qui, selon les propres termes de Brian, semble avoir « gravité » vers les exemplaires de sport compétition de Ferrari.
Une 250 Berlinetta un peu plus récente de la même collection a déjà remporté notre Peninsula Classics Best of the Best en 2021. Brian connaît la musique !
Last but not least : des ailerons !

Mais pas des ailerons américains, des ailerons italiens qui ornent cette Ferrari 410 Superamerica « Superfast ».
Ferrari 410 Superamerica « Superfast » 1956,
carrosserie Pinin Farina
De la collection Robert Lee au Nevada,
Best of Show à The Quail, a Motorsports Gathering
Un autre modèle de Ferrari, un autre dessin de Pinin Farina, tous deux très différents de la 250 MM que nous venons de voir. Les Ferrari ont toujours été rapides, mais celle-ci, la première "Superfast", était, eh bien ... super rapide et pouvait atteindre des vitesses supérieures à 260 km/h (160 mph) !
Toujours équipé d'un moteur V12, la marque de fabrique de Ferrari, celui-ci, conçu non pas par Colombo mais par Lampredi, est directement issu de la course et de la Ferrari victorieuse aux 24 Heures du Mans en 1954. Il développe environ 400 chevaux, ce qui en fait la voiture la plus puissante des nominés de ce soir.

La carrosserie, unique, comporte plusieurs innovations que l'on retrouvera sur les modèles ultérieurs, comme le nez avec une grande ouverture ovale, les phares carénés et les ouïes d'aération latérales. De même, la peinture bicolore avec une séparation sur les flancs reviendra sur plusieurs Ferrari ultérieures carrossées par Pinin Farina.

Battista Pinin Farina s'était rendu à plusieurs reprises aux États-Unis pour y développer ses affaires. Les ailerons arrière étaient une concession à la mode sous la forte influence du style américain de l’époque. Elle n'a pas duré.
Après sa présentation au salon de Paris, la voiture fut envoyée aux États-Unis où elle a passé presque toute sa vie. En 2004, elle a rejoint la collection Robert Lee, l'une des plus importantes au monde.
*
J'avais décidé de ne pas ouvrir le capot ce soir, mais je n'ai pas pu résister à l'envie de vous montrer ne fût-ce qu’un moteur : le V12 Ferrari.

Ce n'est peut-être pas de l'art, mais c'est certainement beau, et ça chante...
Maestro, musica !
*
Voilà ! C'était mon dernier mot.
Bonne chance à tous et, comme toujours, selon la devise de notre ami et collègue membre fondateur Bruce Meyer :
« Ne levez jamais le pied ! »
Merci à tous !
*
CHRISTIAN PHILIPPSEN
3 septembre 2024


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