top of page

CP PRESENTE LES NOMINES POUR L’EDITION 2016/2017 DU « PENINSULA CLASSICS BEST OF THE BEST AWARD »

Permettez-moi d’abord de vous dire à quel point je suis ravi d’être ici ce soir pour la deuxième édition du « Peninsula Classics Best of the Best Award » ! Pour rappel, le prix est décerné à une voiture qui a remporté le Best of Show dans l’un des plus importants concours au monde. Les candidats pour le prix de ce soir sont les gagnants d’événements qui ont tous eu lieu en 2016 et nous en avons huit!

Sur les huit prétendantes, une est française, une est espagnole, six sont italiennes, et quatre sur les six ont été dessinées par Pinin Farina.

Battista Farina est né à Turin en 1893. Il était le numéro 10 dans une famille de onze enfants et était surnommé « Pinin », ce qui, en Piémontais, signifie « le petit ». Il apprit son métier dans l’atelier de son frère aîné, Stabilimenti Farina. Puis, en 1930, il créa sa propre Carrozzeria Pinin Farina et ne tarda pas à être reconnu comme l’un des grands carrossiers italiens. En 1936, il dévoila ce cabriolet Lancia Astura Tipo Bocca, dont six ont été construits. Témoin du savoir-faire exceptionnel des artisans qui l’ont réalisée, l’élégance de la carrosserie, avec ses vitres latérales courbes, sa capote automatique et ses garnitures intérieures inhabituelles en vannerie, s’harmonise parfaitement avec l’approche perfectionniste de Lancia en matière de technologie. Je dirais que la même attention aux détails distingue le Concours d’Elégance de Pebble Beach présidé par Sandra Button, faisant de la Lancia appartenant à Ven Fonte son vainqueur très approprié.

Le talent de Pinin Farina était multiple, allant des voitures présidentielles aux machines de compétition dont ce spyder Ferrari 375 Mille Miglia de 1953 fait partie. Authentique et préservé – une rareté pour un bolide de plus de 60 ans ! -, il est propulsé par le légendaire douze cylindres en V développant un nombre infini de chevaux dans une orgie de musique mécanique. Il fallait un conducteur téméraire pour exploiter son potentiel. Mesdames, croyez-moi, les hommes capables de maitriser une telle voiture sont de vrais hommes ! Le 375 MM d’Andreas Mohringer franchit la ligne d’arrivée en première position ici même l’an dernier à The Quail, a Motorsports Gathering.

J’ai récemment eu une conversation avec une personnalité respectée de notre univers automobile. Il me demanda

– Quelle est, d’un point de vue historique, la partie la plus importante d’une voiture : son châssis, son moteur ou sa carrosserie ?

Je répondis avec assurance

– Le châssis est généralement considéré comme l’élément qui donne son authenticité à une voiture !

Ce qu’il a immédiatement contesté. Son argument était que, puisqu’il existe des dessins techniques très précis pour un châssis et un moteur, ces derniers peuvent être répliqués exactement, alors que les carrosseries ont été martelées par des tôliers qui interprétaient un dessin. Leur travail est donc unique et irremplaçable. Autrement dit, est-ce la toile ou la peinture qui prime ?

Exemple parfait, la Maserati A6GCS/53 berlinetta de 1954 de Pinin Farina dont quatre exemplaires furent construits et connurent des vies mouvementées, l’une d’entre elles ayant survécu avec une carrosserie originale sur un châssis non original, et une autre, avec une carrosserie refaite sur un châssis original. Laquelle est la plus importante ? Aucun doute toutefois pour cet exemplaire appartenant à la collection Destriero représentée par Timm Bergold, le seul des quatre à conserver son châssis d’origine, son moteur d’origine et sa carrosserie d’origine. Il remporta le Concorso d’Eleganza Villa d’Este.

En 1960, toujours au sommet de son art, Pinin Farina exposa cette Ferrari 400 Superamerica « Superfast » au Salone dell Automobile de Turin. Sa forme aérodynamique s’inspire d’une aile d’avion. La voiture passa par différentes itérations au cours des deux années suivantes, devenant Superfast III puis Superfast IV, avant d’être cédée à un propriétaire privé, tandis qu’une petite production de 14 exemplaires, tous légèrement différents, fut vendue à des clients privilégiés. La voiture, ramenée à sa configuration initiale par son propriétaire actuel, Lee Herrington, remporta la « Gran Turismo Ferrari Cup » à Cavallino Classic, ce petit joyau de concours organisé par Alicia et John Barnes.

Les Concours d’élégance, comme l’indique leur nom, sont une invention française – les Français n’ont-ils pas tout inventé ? Ils sont apparus au début des années 1900 et ont disparu dans les années 1950. Je faisais partie d’un petit groupe d’amis qui, en 1988 et après avoir assisté plusieurs fois à Pebble Beach, ont réintroduit l’idée à Paris – beaucoup d’entre vous se souviendront de l’événement connu sous le nom de « Bagatelle ». Sylviane et Patrick Peter ont pris le relais avec Chantilly Arts & Elégance. Leur Best of Show est une Alfa Romeo 8C 2900B de 1938 par Touring de Milan, propriété de Kim et Jon Shirley. Les exceptionnelles 8C 2900 font partie des voitures les plus célébrées de tous les temps. Ce sont des bijoux mécaniques. Préparées pour la course, elles dominèrent toutes les grandes épreuves. En version route, elles étaient les grand tourisme les plus rapides. Sur une production totale de 30 oitures avec différents styles de carrosserie, celle-ci est la première de seulement cinq berlinettes répétoriées. Que cette même voiture ait déjà remporté le Best of the Best Award auparavant, alors qu’il était attribué par Louis Vuitton, est un témoignage de sa désirabilité.

Parmi nos candidats italiens, il y a encore cette Lamborghini Miura. La Miura a stupéfait le monde lorsqu’elle fut présentée pour la première fois au Salon de l’Auto de Genève en 1966. Je vivais encore en Belgique à l’époque, travaillant avec Jacques Swaters, l’importateur Ferrari local. Lorsque nous avons découvert la Miura, nous nous sommes dit que nous vendrions plus une Ferrari ! Nous nous sommes heureusement trompés, mais la Miura est aujourd’hui largement considérée comme le précurseur des supercars modernes et occupe une place particulière dans l’histoire, dépassant largement le périmètre de Lamborghini. Notre nominée est une SV (pour Super Veloce, ou « super rapide »), une version haute performances, propriété d’Adrien Labi. Il remporta le Best of Show au concours Cartier Style et Luxe tenu dans le cadre du Festival of Speed de Goodwood.

Alfa Romeo, Ferrari, Lamborghini, Lancia, Maserati, vous connaissez tous, j’en suis sûr, ces marques bien établies. Pegaso, et certainement Dubonnet, d’autre part, sont des raretés.

Après la Seconde Guerre Mondiale, le constructeur de camions Espagnol Enasa a pris la décision stratégique de construire des voitures de sport haut de gamme et engagea Wilfredo Ricart pour les concevoir. Ils appelèrent la voiture Pegaso, ou « Cheval Volant », par opposition au cheval de Ferrari qui n’était que « cabré ». Ricart ne faisait pas l’unanimité. Enzo Ferrari, pour ne citer que lui, avait travaillé avec Ricart chez Alfa Romeo à la fin des années 30 et s’était moqué de lui en écrivant qu’il portait des chaussures à semelles compensées spécialement conçues pour protéger son brillant cerveau des chocs lorsqu’il marchait ! 84 Pegaso furent produites en tout, de 1951 à 1958, y compris la seule berlineta Cupula encore en existence, propriété d’Evert Louwman. C’est l’une des deux au style radical développé en interne d’après les croquis d’étudiants. Elle est restaurée dans la même livrée que celle qu’elle arborait lors de sa première présentation au Salon de l’auto de New York en 1953, y compris les pneus à flanc rouge. De retour en Amérique l’année dernière, elle remporta le Concours de Sport au Concours d’Elégance d’Amelia Island organisé par Bill Warner avec un enthousiasme toujours inégalé.

Certains d’entre vous connaissez peut-être l’apéritif français Dubonnet et vous souvenez du slogan « Dubo, Dubon, Dubonnet ». Il existe depuis 1846, comme le dit l’étiquette, et est toujours là ! André Dubonnet était le petit-fils du fondateur de l’entreprise. Né en 1897, il mena une vie bien remplie. Comme beaucoup de jeunes gens fortunés, il était attiré par les choses mécaniques. Il pilotait des avions – il fut un as de la Première Guerre Mondiale – et des voitures de course. Inventeur a ses heures, il breveta son propre dessin de suspensions qu’il monta sur un châssis Hispano Suiza modifié, puis carrossé par Saoutchik d’après un dessin de l’aérodynamicien français Jean Andreau. Il donna à sa réalisation le nom de sa défunte épouse, Xenia. Cette pièce unique, présentant du verre bombé, des portes coulissantes et un pare-brise panoramique, vit le jour en 1938. Elle est maintenant la possession prisée de Merle et Peter Mullin – les même Merle et Peter qui remportèrent le premier Peninsula Classics Best of the Best Award l’année dernière ! La voiture dérocha le Best of Show au Concours of Elégance organisé au Palais Royal de Windsor. On me dit que Sa Majesté la Reine Elisabeth n’est pas indifférente à un petit Gin et Dubonnet chaque jour – quelle coïncidence !

Voilà donc les voitures qui concourent pour le Peninsula Classics Best of the Best Award. Chaleureuses félicitations à tous les propriétaires ainsi qu’aux organisateurs des concours sélectionnés !

Je lève mon verre à votre bonne santé, à notre amitié, à notre passion et au gagnant.

Août 2017


Comments


bottom of page